Histoire de Fréjus
Histoire de Fréjus
Forum Julii - Fréjus, 2000 ans d'histoire
Le territoire fréjusien, situé entre les massifs de l'Esterel et des Maures, coupé en deux parties par le fleuve Argens, fait partie de celui occupé par une tribu Celto-Ligure, les Oxybiens (Vième siècle AvC,), que les Romains soumirent en l'an 155 AvC.
Les Ligures (du celte: hommes de la mer) étaient des peuples de marins, de pêcheurs et également de cultivateurs. Ils avaient leurs habitats le long du littoral méditerranéen, depuis le delta du Rhône à l'embouchure de l'Arno, en Italie. Les Oxybiens étaient une de ces peuplades occupant notre région et dont la capitale Aegytna devait se trouver à proximité de notre ville, probablement Agay. Elle fut détruite lors de l'expédition du Consul Quinrus Opimius en même temps que leurs voisins les Décéates.
Les Romains s'établirent définitivement en Gaule Méridionale entre l'an 126 AvC. (expédition du Consul F. Flaccus) et l'an 124 AvC. (expédition du Proconsul Calus S. Cavinius).
L'établissement des Romains à Fréjus, date très probablement de cette époque, on ignore le commencement précis de sa fondation. Il faut attendre le milieu du 1er siècle AvC. pour trouver dans le texte, la première mention de Forum Julii (le Marché de Jules), dans la correspondance de Cicéron, datée de l'an 43.
L'on ne peut assurer que Jules César fut le fondateur de notre cité, le nom de julien, qu'elle partage avec tant d'autres villes antiques dont César ne fut point à l'origine, fut pris sans doute, en hommage au grand tribun
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Forum Julii, par sa situation géographique, commandait un noeud routier et stratégique important, clé de passage de l'axe Rome-Narbonne, il est possible que cette place forte, la "claustra mans", la clé de la mer, citée par Tacite, ait été renforcée au moment de l'invasion des Cimbres et des Teutons, par le dictateur Marius. On peut admettre l'hypothèse que le port ait commencé à être creusé à cette époque (112 AvC.).
Après l'assassinat de Jules César, dans le Sénat le 15 mars de l'an 44, Rome profondément troublée, traversa une période de guerre civile. C'est alors, que les généraux romains, commandants en Gaule Méridionale, Marc Antoine et Lépide, réunirent leurs armées au pont sur l'Argens, sur le territoire de la commune des Arcs s/Argens, à 23 kilomètres de Fréjus. L'armée rebelle est considérable, plus de 40.000 hommes de troupe, elle compte les Vilème, Villème -dont les vétérans s'implanteront plus tard à Fréjus- IXème Légions, plus de trente cohortes de cavalerie gauloise et enfin la fameuse Vèrne Légion, des Alouettes, dont le souvenir est parvenu jusqu'à nous,
Que Marc-Antoine, qui fut un grand général, ait choisi notre ville comme point de ralliement, montre l'importance du lieu, qu'il puisse résider pendant huit mois avec son armée, prouve l'importance économique de Forum Julii.
C'est donc dans cette plaine d'Argens, sous nos murs, que va se sceller un des évènements les plus marquants de l'histoire romaine, la rencontre de Marc-Antoine et de Lépide, prélude à la formation du deuxième triumvirat de Rome, avec Octave, petit-neveu et fils adoptif de Jules César (mai 43 AvC.).
Ce triumvirat vécut douze années, les triumvirs se partagèrent l'Empire, Lépide conserva le gouvernement de Rome et de l'Italie, Marc-Antoine retient l'Orient, où il s'établit. Sa destinée lui fit rencontrer Cléopâtre, reine d'Egypte, qui devait le perdre. L'Occident échut à Octave.
Marc-Antoine s'étant conduit d'une façon injurieuse envers Rome, l'Orient et l'Occident s'affrontèrent, les flottes de Marc-Antoine et de Cléopâtre réunies livrèrent bataille dans la mer d'Epire, sous le promontoire d'Actium, avec celle d'Octave, celui-ci vainqueur du combat, envoya dans le port de Forum J ulii, quelques trois cents galères, rescapées du désastre naval (Tacite, livre IV des Annales). C'était l'an 31 AvC.
Le port de Forum Julii couvrait plus de vingt hectares, il a été creusé dans un étang, il était relié à la mec par un chenal de six cents mètres, il comprenait également deux citadelles et un arsenal, certains indices font supposer son existence dès l'époque républicaine. Il fut par son importance le troisième port de l'Empire, après Misène et Ravenne.
Peu d'années après la bataille d'Actium, Octave prit Je titre d'Empereur, le Sénat, celui d'Auguste.
Le dénouement des guerres civiles de Rome (44-30 AvC.), assura à notre cité un destin remarquable. C'est sans doute pendant la période augustéenne (27 AvC,- 14 ApC,), que Fréjus acquit le titre de colonie romaine, avec l'arrivée des vétérans de la Villème Légion "Octava Augusta". Comme la plupart des villes du monde romain (édit de Caracalla) Forum Julii bénéficie du droit romain (citoyenneté) et de son-autonomie administrative, ses institutions sont calquées sur celles de Rome
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La ville de Forum Julii s'étendait sur plus de 40 hectares, son enceinte fortifiée avait près de 4 kilomètres de pourtour, sa population de l'ordre de 30.000 habitants, Elle était le siège d'un préfet de la Flotte (ccilonia classica), d'un tribunal de droit romain, d'un important marché (blé, bois d'oeuvre, huiles d'olives, vins, saumure, céramiques de terre cuite, ainsi que les exploitations de carrières de porphyre et de grès (meules, mortiers, colonnes, pierres de taille, constructions navales -arsenal-), etc... Un aqueduc de 40 kilomètres, alimentait en eau potable la ville, depuis la Siagnole à Mons (La Rochetaillée).
L'évolution de Fréjus au cours du Bas-Empire (IIIème siècle) nous est très mal connue. Il serait hasardeux de prêter à la ville une décadence rapide, la construction assez tardive de l'amphithéâtre semble contredire l'hypothèse d'un déclin sensible à la fin de l'Empire.
Fréjus dominait alors un vaste territoire, celui de la ''civitas forojuliensis" dont les limites sont celles de l'évêché médiéval. Le premier document connu sur l'église de Fréjus date de l'an 374, il relate l'élection d'un évêque, Acceptus, par le clergé et le peuple. 'Beaucoup d'historiens ont pensé, non sans raison, que le christianisme devait être implanté bien avant Forum Julii (passage de Saint Jacques en l'an 37, lors de son voyage en Espagne, ou Saint-Paul en l'an 62 sur le même chemin et Saint Trophime, envoyé par Saint Pierre, fonde l'église d'Arles -comment ne pas admettre que c'est lui qui donna son premier évêque à Fréjus ?-. C'était la règle apostolique de laisser un responsable chrétien dans toutes les cités importantes (lettre de Paul à Tite), de plus, l'ancienneté du siège épiscopal nous est attestée par l'étendue qu'avait autrefois son diocèse, dans l'histoire écclésiastique, les diocèses les plus vastes sont les plus anciens, or de tous les diocèses qui jadis l'entouraient, Fréjus était le plus étendu, on peut donc admettre que dès le premier siècle notre cité eut une communauté chrétienne et son évêque.
La grande figure de Saint Léonce, saint protecteur de notre antique cathédrale et du diocèse, ouvre la longue liste de nos évêques. Saint Léonce est élu évêque selon la tradition, en 400. Une grande partie de la Provence a été placée sous sa juridiction en tant que vicaire apostolique. C'est sous son pontificat qu'à certainement été terminée la cathédrale primitive (380-420).
En l'an 572, les. Lombards, venus du Dauphiné ravagent Fréjus, que parachèvent les Saxons en 574.
Pendant trois cents ans nous ne savons rien sur notre ciré, la Provence vit une vie précaire : les Wisigoths, les Lombards, les Burgondes déferlent sur notre sol semant la désolation et la mort, les Francs et les Arabes se livrent bataille, Fréjus est ravagée, les survivants se retirent vers l'arrière pays, sur les éminences fortifiées. A la fin du IXème siècle notre ville est complètement détruite, les Sarrasins s'installent au Fraxinetum (La GardeFreinet) dans le massif des Maures.
Les derniers carolingiens qui se disputaient la couronne de Provence, avaient laissé s'installer les Arabes au Fraxinetum sans jamais les combattre, mieux même, ils leur avaient abandonné en fief, moyennement redevance, les vallées entourant la citadelle. Les Maures recevaient continuellement par la mer des renforts et des armes, et de cette citadelle lançaient des raids jusqu'en Savoie et en Piémont.
En 973, Saint Mayeul, abbé de Cluny, né à Valensolles, est pris au col du Grand Saint Bernard par une bande de Sarrasins, qui demande au religieux de Cluny une forte rançon. Les moines réunissent la somme et obtiennent la liberté de leur abbé, mais ils soulèvent tout le pays très rapidement. Guillaume 1er, comte de Provence lève l'Ost. Des batailles ont lieu dans les Alpes provençales à Embrun, Gap, Riez. Les Arabes battus se replient vers le Fraxinetum pour se regrouper. Ils sont défaits à Tourtour, Ampus, Cabasse. Assiégés par terre et par mer, la citadelle est enfin prise et rasée. Une grande partie des hommes d'armes sont tués, les autres forcés à se faire baptiser et réduits à l'esclavage.
Après ces évènements, en 990, pour reconstituer son patrimoine, l'évêque Riculphe reçut du comte Guillaume la moitié de la cité et du port comme seigneur évêque. A juste titre on le nomme le 'bâtisseur". Il va relever Fréjus de ses ruines, bâtir la cathédrale, fortifier la ville avec une enceinte entourée de tours, peu à peu la vie reprend. Avec Riculphe le bâtisseur, évêque de Fréjus, abbé de Montmajour, commence l'histoire moderne de notre ville.
L'avènement de Jacques d'Ossa au siège épiscopal en 1299, cardinal en 1311, il devenait pape sous le nom de Jean XXII en 1316. Il contribua à embellir la ville et fit venir à Fréjus ses neveux qu'il nomma cardinal et archidiacre.
Au XIVème siècle, Jacques Juvenal des Ursins, patriarche honoraire d'Antioche, Jean du Belley, Ubin de Fiesque (après une longue querelle entre le pape et le Roi René qui ne voulait pas d'un étranger sur le siège épiscopal), furent des grands prélats.
En 1480, la peste ravage le littoral provençal, semant la désolation et la mort dans notre ville. C'est dans ces circonstances qu'en 1482 le célèbre moine de Calabre, François de Paule, débarqua dans le port de Fréjus et selon une tradition bien établie délivra la ville du fléau. Depuis cette date, chaque année Fréjus célèbre avec éclat la fête de ce saint qui est devenu le second patron de la cité.